Brahim Boushaki

Brahim Boushaki (arabe : إبراهيم بوسحاقي - kabyle : ⴱⵔⴰⵀⵉⵎ ⴱoⵓⵙⵀⴰⴽⵉ), est un imam et théologien né le 12 mai 1912. à Thénia (Basse Kabylie) et mort le 23 mai 1997 à Kouba en Algérie.

Biographie

Jeunesse

Brahim Boushaki est né dans le village de Thala Oufella des Aïth Aïcha, à Tizi Naïth Aïcha (Thénia), près de Boumerdès, en Algérie2 le 12 mai 1912 dans une noble famille maraboutique kabyle3.
Son père, Ali Boushaki, le destine à devenir Qāriʾ (en) (lecteur) du Coran selon la référence religieuse algérienne comme ses frères aînés Mohamed4 et Abderrahmane5. Il entame son parcours initiatique dans sa zaouïa du village de Soumâa avant d'effectuer des études coraniques dans la zaouïa de Sidi Ali Boumerdassi dans le village d'Aït Boumerdès chez le cheikh Mahfoudh Oukil, époux de sa tante paternelle Houria Boushaki.
Il fut entre autres disciple de la zaouïa de Sidi Amar Cherif, de celle d'Abdelkader El Hammami ainsi que de Mohamed El Kacimi.
Il épouse en 1940 sa cousine Fatma Rahmoune, native elle aussi du village Thala Oufella (Soumâa), avec qui il eut deux enfants: Mohamed et Rabah6.

Nationalisme indépendantiste

A l'instar de son parcours religieux sous le patronage de son père Ali Boushaki, le jeune Brahim accompagnait son oncle Mohamed Seghir Boushaki, politicien de pure trempe, dans ses déplacements en Kabylie, dans la Mitidja et dans le Chenoua.
Sa prise de conscience du passé et destin communs des trois grandes constellations tribales berbères, enveloppant la ville coloniale d'Alger, lui a permis de se préparer pour intégrer le milieu cosmopolite algérois quelques années plus tard  avec un substrat sémantique à même de démanteler le système colonial parasitaire à partir des milieux sociaux algériens les plus humbles.
C'est ainsi que les alliances conjugales entre les Âarchs de la Kabylie, du Titteri et du Chenoua étaient les seules solutions existentielles pour préserver l'intégrité patrimoniale des algériens autour d'Alger devant l'imposante machine coloniale qui voulait à tout prix créer une cité interdite et impénétrable devant les descendants séculaires des régions limitrophes de l'ancienne Icosium.
En effet, les pieds-noirs apatrides installés à Alger ne supportaient pas l'idée de côtoyer des régions occidentales, orientales et au sud, où les indigènes autochtones maintenaient et préservaient une histoire authentique, intégrale et indépendante datant d'avant l'invasion des européens qui se sont fixés à long terme de réduire la souche locale à une situation similaire à celle des tasmaniens et australiens exterminés à la longue pour instaurer le régime blanc.
Lorsque Brahim Boushaki ruminait ces douloureuses idées en accompagnant son oncle Mohamed Seghir à Bousâada, Bouira, Blida, Cherchell, Médéa et ailleurs, il se préparait à déloger, déboulonner, désosser, démanter et annihiler le système colonial en l'extirpant de ses racines enfoncées dans la terre algérienne par le sang le le glaive.
Les enseignements politiques qu'il recevait dans ces périples lui permettaient d'assumer l'impossibilité de survivre en tant que communauté devant le statut  de seigneurs que se donnaient les européens d'Alger.

Imam à la Mosquée Safir

En 1948, Brahim Boushaki est nommé à l'âge de 36 ans comme Imam hezzab de la mosquée Safir (ar) à la Casbah d'Alger7.
Il y est Qari (lecteur) du Coran selon la référence religieuse algérienne8. Bien que le Coran soit la matière principale enseignée par Brahim Boushaki, plusieurs sciences islamiques y sont aussi présentées9. Le Tafsir (exégèse) du Coran était dispensé dans le programme d'enseignement10 ainsi que le fiqh (loi coranique) selon le madhhab malikite du Moukhtassar Khalil11. La langue arabe y était aussi enseignée sur la base du texte de la Alfiya Ibn Malik (ar)12.

Révolution algérienne

Le 1er novembre 1954, Brahim Boushaki, alors âgé de 42 ans rejoint les rangs du Front de libération nationale (FLN) à la Casbah d'Alger 13 ou il est un des membre actif de la propagande révolutionnaire de concert avec les imams Mohamed Salah Seddik, Mohamed Kettou (ar)14 et Ahmed Chekkar15.
Quatre imams caciques s'opposent à la mobilisation indépendantiste: Baâziz Benamar, Ahmed Hocine, Mohamed Salah Seddik et Mohamed Kettou (ar)16.
Brahim Boushaki et ses compagnons, supervisés par la wilaya IV historique (dirigée par Krim Belkacem, Saïd Mohammedi et Mohand Ameziane Yazourene17) sont alors traqués par les contre-révolutionnaires. Ils sont arrêtés après la grève des huit jours de 1957, et sont incarcérés à la villa Sésini où ils sont soumis à la torture18.
Ils sont ensuite emprisonnés dans la prison de Serkadji où il partage la même cellule avec Ahmed Chekkar et d'autres imams19.

Imam de la Mosquée El Feth

En 1978, Brahim Boushaki est nommé à l'âge de 66 ans comme Imam mufti de la mosquée El Feth à Thénia des Aïth Aïcha suite au décès de son cousin l'Imam Mohamed Saâd Chaouch.20 Le muezzin Omar Arar y officie l'appel à la prière. Brahim Boushaki y occupe le poste d'Imam et assure la Khutba (sermon du vendredi). Il récitait quotidiennement le Hizb Rateb avant Salat Dhohr et Salat Asr, et après Salat Maghrib, en compagnie de M'Hamed Boushaki, Rabah Boushaki, Omar Arar et Abdenour Boushaki (id) entr'autres.
Peu avant Salat Icha, il enseignait le fiqh malikite en se basant sur Al-Muwatta et Ar-Rissala Al-Fiqhiya (ar).

Retour à Alger

A l'âge de 81 ans, Brahim Boushaki est contraint de déménager à Alger durant la décennie noire après l'assassinat le de son voisin le muezzin Omar Arar près de la mosquée El Feth.
Le 13 octobre 1993, Omar Arar, originaire lui aussi du village Thala Oufella (Soumâa), est abattu par des terroristes salafistes takfiristes. Son fils Abdallah qui l'accompagnait fut également gravement atteint.
Brahim Boushaki parti pour Kouba dans la wilaya d'Alger après les intimidations et menaces qu'il a reçu des hordes et sbires du GIA qui cavalaient dans le massif du Khechna (ar) entre la Mitidja et la Basse Kabylie.
El Hadj Brahim a passé les quatre dernières années de sa vie à Kouba. Il y meurt le 23 mai 1997 à l'âge de 85 ans alors qu'il accomplissait ses ablutions. Il est enterré dans le cimetière de Sidi Garidi dans l'actuelle wilaya d'Alger.

Références

  1. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k75826757/f2.item.r=deriche+boushaki.zoom
  2. http://marw.dz/index.php/%D8%A3%D8%B9%D9%84%D8%A7%D9%85-%D8%A7%D9%84%D8%AC%D8%B2%D8%A7%D8%A6%D8%B1/1972-%D8%A7%D9%84%D9%8A%D9%88%D9%85-%D8%A7%D9%84%D8%AB%D8%A7%D9%86%D9%8A-%D9%85%D9%86-%D8%B4%D9%87%D8%B1-%D8%B1%D9%85%D8%B6%D8%A7%D9%86-1440%D9%87%D9%80-2019%D9%85.html
  3. http://www-elibda3.ahlamontada.com/t782-topic
  4. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6586446v/f1.item.r=boushaki.zoom
  5. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6475945b/f43.item.r=boushaki+souma+menerville.zoom
  6. http://menerville.free.fr/phpwebgallery/picture.php?image_id=60&cat=
  7. https://ar.unionpedia.org/i/%D9%8A%D8%AD%D9%8A_%D8%A8%D9%88%D8%B3%D8%AD%D8%A7%D9%82%D9%8A
  8. https://www.vitaminedz.com/Article/Articles_16840_248830_0_1.html
  9. http://shamela.ws/browse.php/book-96603/page-293
  10. https://archive.org/stream/do-dorrat-al7ijal/dorrat-al7ijal-1#page/n223/mode/2up
  11. http://shamela.ws/browse.php/book-30362/page-23623
  12. https://wikipedie.info/ar/wiki/%D8%A5%D8%A8%D8%B1%D8%A7%D9%87%D9%8A%D9%85_%D8%A8%D9%88%D8%B3%D8%AD%D8%A7%D9%82%D9%8A
  13. https://abdenour-hadji.blogspot.com/2013/09/blog-post_1.html
  14. https://ar.unionpedia.org/i/%D9%85%D8%AD%D9%85%D8%AF_%D8%B5%D8%A7%D9%84%D8%AD_%D8%A7%D9%84%D8%B5%D8%AF%D9%8A%D9%82
  15. https://www.djazairess.com/echorouk/58166
  16. https://www.djazairess.com/echorouk/58170
  17. https://www.echoroukonline.com/ara/articles/58166.html
  18. http://dev.worldpossible.org:81/wikipedia_fr_all_2015-11/A/Boushaki.html
  19. https://wikiredia.ml/wiki/%D8%A5%D8%A8%D8%B1%D8%A7%D9%87%D9%8A%D9%85_%D8%A8%D9%88%D8%B3%D8%AD%D8%A7%D9%82%D9%8A
  20. https://algeria-watch.org/?p=47486

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