Ali Boushaki

Ali Boushaki (1855-1965) (arabe : علي بوسحاقي - kabyle : ⴰⵍⵉ ⴱoⵓⵙⵀⴰⴽⵉ), est un imam et théologien né en 1855 dans le village de Thala Oufella des Aïth Aïcha, à Tizi Naïth Aïcha (Thénia), près de Boumerdès, en Algérie1,2.

Biographie

Ali Boushaki est né à Tizi Naïth Aïcha (Thénia) en 1855 dans une noble famille maraboutique kabyle3. Sa naissance s'est déroulée après la fin de la phase de conquête de l'Algérie par la France qui avait commencé en basse Kabylie par l'expédition de Thénia4 datant du 17 mai 18375.
Son grand père est l'imam Ali Boushaki (1798-1844) qui était le cheikh du âarch des Aïth Aïcha qui avait organisé la résistance populaire algérienne (ar) contre les troupes coloniales avant d'être tué lors de l'expédition de Thénia datant du 23 février 1844, laissant une veuve Khdaouedj Dekkiche et l'orphelin Mohamed Boushaki né en 18366.
L'enfant rescapé Mohamed Boushaki, dit « Mouh Ou Ali », fut élevé durant dix ans chez ses oncles maternels, originaires des Aït Ghobri, installés dans le village d'Aït Hamadouche à Souk El Had non loin de Thala Oufella7.
Après la fin de la pacification de l'Algérie en 1847, cet orphelin « Mouh Ou Ali » est retourné avec sa mère au village paternel de Thala Oufella où il a atteint l'âge adulte en se mariant en 1854 avec sa cousine Aïcha Ishak Boushaki native du village Mraldène (Mrabtène) dans le cadre du fait accompli de l'avènement de l'Algérie française8.
Son premier enfant fut Ali Boushaki né en 1855 au village de Thala Oufella, ou Soumâa, dans le âarch des Zouaouas des aïth Aïcha dans le massif du Khechna (ar) en Basse Kabylie9.
Cette première naissance a coïncidé peu après avec la création en 1860 par le concessionnaire Paul Just de l'embryon du village colonial du Col des Aïth Aïcha formé de maisons en bois10, d'où l'appellation de « Village en bois » de ce qui deviendra la commune de « Ménerville » puis « Thénia » au lendemain de l'indépendance de l'Algérie11.
Le petit Ali accompagnait son père Mohamed, ainsi que ses cousins Aïchaouis, pour pratiquer des échanges commerciaux avec les colons européens résidents ou passagers dans ce relais de diligences qui évoluait lentement en village autonome où les habitants vivaient du maigre produit des terres et de l'arrêt des voyageurs à cette halte12.
Le jeune Ali était destiné par son père Mohamed Boushaki à devenir un fin Qāriʾ (en) du Coran selon la référence religieuse algérienne ainsi que ses deux frères cadets Mohamed Seghir Boushaki13 et Ahmed Boushaki14.
Il a entamé son parcours initiatique dans la zaouïa de Sidi Brahim Boushaki dans le village natal de Soumâa avant d'enchaîner ses études coraniques dans la zaouïa de Sidi Ali Boumerdassi dans le village d'Aït Boumerdès avec le cheikh Mahfoudh Oukil qui sera l'époux de sa sœur cadette Houria Boushaki15.
Il a sillonné l'Algérie pour devenir un érudit de la théologie musulmane, et fut un disciple distingué de la zaouïa de Sidi Amar Cherif, de la zaouïa de Sidi Abdelkader El Hammami et de la zaouïa de Sidi Mohamed El Kacimi entr'autres16.
Ali s'est marié en 1876 avec sa cousine Aïcha Ishak Boushaki, native du village Mraldène (Mrabtène), qui lui enfanta le futur imam mufti Mohamed Boushaki dans la zaouïa d'Aït Hamadouche, le futur militaire Abderrahmane Boushaki dans la Grande guerre, ainsi que le futur imam mufti Brahim Boushaki dans la mosquée El Feth17.

Tariqa Rahmaniya

Articles détaillés : Rahmaniyya et Sidi M'hamed Bou Qobrine.
A partir de 1898, l'imam mufti Ali Boushaki a été nommé Mokadem de la tariqa Rahmaniya en Basse Kabylie après le décès du cheikh Sidi Mohamed El Kacimi (ar) en 189718.
En effet, le cheikh de la zaouïa de Sidi Mohamed El Kacimi lui avait décerné peu avant sa mort le titre de Mokadem de la tariqa Rahmaniya afin qu'il coordonne l'action spirituelle des mosquées et zaouïas en Basse Kabylie19.
De la Mitidja à la Grande Kabylie, en virant par la Hodna, le Mokadem Ali Boushaki accomplira sa noble mission mystique et ascétique dans la stricte rigueur et droiture durant soixante ans jusqu'à 1958 où le poids de l'âge l'a astreint à limiter au maximum ses déplacements, en se contentant de recevoir les fidèles croyants à la mosquée El Feth et sa maison à Thénia20.

Révolution algérienne

Dès le 1er novembre 1954, El Hadj Ali El Mokadem à l'âge de 99 ans a béni et encouragé la cause du Front de libération nationale (FLN) en Basse Kabylie affiliée dans sa partie occidentale à la wilaya IV historique, et dans sa partie orientale à la wilaya III historique.
En effet, Le village natal Thala Oufella de ce Mokadem Rahmani surplombait l'Oued Isser qui séparait symboliquement la wilaya III historique de la wilaya IV historique, alors que tous les nationalistes kabyles étaient de la partie indépendantiste tout azimut sans rien lâcher de leurs droits identitaires et souverains.
Ce couronnement libérateur est survenu après 83 ans de la survenue de la Révolte des Mokrani en 1871 à laquelle le jeune Ali a participé à l'âge de 16 ans.
L'insurrection du Cheikh El Mokrani a été suivie d'une action de longue haleine des zaouïas en Algérie et de l'association des oulémas musulmans algériens pour préparer le substrat révolutionnaire de novembre 1954 que Ali Boushaki ne pouvait que cautionner.
C'est ainsi que Si Ali fut le doyen des algériens indépendantistes votants le 1er juillet 1962 lors du Référendum d'autodétermination de l'Algérie alors qu'il avait dépassé de peu le centenaire.
En état de cécité à l'âge de 107 ans, il a accompli son devoir électif accompagné de son fils Rabah Boushaki dans l'isoloir de l'école Abdelhamid Ben Badis non loin de l'actuelle Avenue M'Hamed Bougara.

Décès

El Hadj Ali Boushaki est mort à Thénia en 1965 à l'âge de 110 ans après avoir été atteint de cécité et après une longue maladie.
Il a été enterré dans le cimetière de Thénia dans l'actuelle wilaya de Boumerdès.

Références

  1. https://howlingpixel.com/i-ar/%D8%B9%D9%84%D9%8A_%D8%A8%D9%88%D8%B3%D8%AD%D8%A7%D9%82%D9%8A [archive]
  2. https://www.wikizero.com/ar/%D8%A5%D8%A8%D8%B1%D8%A7%D9%87%D9%8A%D9%85_%D8%A8%D9%88%D8%B3%D8%AD%D8%A7%D9%82%D9%8A [archive]
  3. http://www-elibda3.ahlamontada.com/t782-topic [archive]
  4. https://archive.org/stream/campagnesdelarme00orla#page/270/mode/2up [archive]
  5. Les Époques militaires de la Grande Kabylie [archive], Adrien Berbrugger, Ed. Bastide, Alger-Paris 1857, p. 13.
  6. http://menerville.free.fr/phpwebgallery/picture.php?cat=42&image_id=1709&expand=all [archive]
  7. https://archive.org/stream/histoiredelalg00gali#page/n569/mode/2up [archive]
  8. https://fr.geneawiki.com/index.php/Alg%C3%A9rie_-_M%C3%A9nerville [archive]
  9. https://encyclopedie-afn.org/Historique_M%C3%A9nerville_-_Ville [archive]
  10. https://www.wikiwand.com/fr/Histoire_de_Th%C3%A9nia [archive]
  11. http://thenia.net/piwigo/picture.php?/3115 [archive]
  12. https://jeanyvesthorrignac.fr/wa_files/INFO_20614_20MENERVILLE.pdf [archive]
  13. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6586446v/f1.item.r=boushaki.zoom [archive]
  14. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6475945b/f43.item.r=boushaki+souma+menerville.zoom [archive]
  15. http://menerville.free.fr/histoire/histoire.htm [archive]
  16. http://menerville.free.fr/phpwebgallery/picture.php?cat=17&image_id=1878&expand=all [archive]
  17. http://menerville.free.fr/phpwebgallery/picture.php?image_id=60&cat= [archive]
  18. https://www.djazairess.com/fr/elwatan/1586095 [archive]
  19. https://www.sudhorizons.dz/fr/les-classiques/environnement/276-francais/patrimoine/33510-connaitre-les-zaouias-la-zaouia-rahmaniya [archive]
  20. https://www.djazairess.com/fr/elwatan/1586092 [archive]

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